En 2002, il s’agissait d’attelage à un cheval et déjà l’événement avait drainé près de 20 000 spectateurs sur le parcours du spectaculaire marathon. Cette année c’est la responsabilité d’un championnat du monde en paire que la Fédération Équestre Internationale a confiée au centre d’attelage de Conty. Une belle histoire à vrai dire car ce centre de sport de haut niveau est animé par les Ateliers du Val de Selle, si cher à son fondateur, Allain Houard, un ESAT (Etablissement et Service d’Aide par le Travail) pour adultes handicapés. Une belle aventure humaine qui pour la seconde fois en neuf ans va faire de Conty le centre du monde de l’attelage.
L’attelage en paire est une discipline très technique, une sorte de triathlon pour deux hommes et deux chevaux s’étalant sur quatre journées. Les deux premières sont celles de la rigueur et du bon goût, le dressage, où les chevaux doivent faire preuve de concentration dans un enchaînement de figures imposées ; la voiture et ses passagers doivent être impeccables. La troisième journée est la plus sportive avec un long parcours de marathon à travers la campagne se terminant par des passages à travers des obstacles au savant tracé (Conty est connu sur le plan mondial pour ses trois passages de rivière) où les meneurs doivent faire preuve de précision et les chevaux de courage aidés par le groom contrebalançant l’équipage à l’arrière. Le quatrième jour est une rude épreuve pour les nerfs : la maniabilité, un parcours jonché de portes (un plot surmonté d’une balle dont la chute entraîne une pénalité), peut remettre à plat le résultat des trois jours précédents !
La cerise sur le gâteau est que la France est plutôt très compétitive dans ce sport et pourrait nous réserver une belle surprise dans ce championnat. Si les Pays-Bas, la Hongrie et l’Allemagne ont dominé les derniers championnats du monde qui s’étaient tenus en Hongrie en 2009, les meneurs français sont à même de tirer leur épingle du jeu chez eux. Et l’expression « chez eux » n’est pas galvaudée ici puisque trois meneurs, coachés par Allain Houard, sont basés à Conty : François Dutilloy, champion d’Europe en 2008, Stéphane Chouzenoux, qui représentait la France à Lexington en attelage à quatre chevaux est revenu à deux chevaux pour « essayer d’intégrer l’équipe de France et de participer à l’obtention d’une médaille par équipe » et Franck Grimonprez, médaillé de bronze aux derniers championnats de France en paire. « C’est une grande chance pour l’attelage français d’accueillir un championnat du monde et une très bonne opportunité pour nous les meneurs. »
Ce n’est qu’un exemple parmi d’autres de la mobilisation autour de ce championnat du monde sur lequel viendront se greffer un programme de festivités (cirque, spectacles équestres, défilés d’attelage), d’autres compétitions (concours national de maréchalerie, concours de chevaux de trait) et des événements autour du handicap (colloque à Amiens sur l’équithérapie, concours d’attelage adapté). Car si ce championnat du monde est une étape importante du calendrier de la Fédération Équestre Internationale, c’est également un moment de solidarité et de générosité qui, au delà du monde du cheval, motive toute une région prête à se mettre en quatre pour recevoir l’élite mondiale de ce sport si visuel.
