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29 décembre 2016 — par Emmanuel Biallais

dispartition de Daniel LAMOUR

Daniel LAMOUR est décédé le matin du 28 décembre.
Ses funérailles auront lieu mardi 03 janvier en l’église de Fleurbaix. Il était dans sa 89ème année.
Nous présentons à sa femme et à ses enfants toutes nos condoléances.
Grand cavalier, brillant formateur, homme de cheval convaincu, il a passé sa vie dans le nord de la France laissant un souvenir inoubliable et de nombreux amis.
Pour lui rendre hommage, le conseil du Cheval vous propose de retrouver l’une des ses interviews parues « spécial Ligue du Nord Réalités Équestres » en décembre 1978.
Cette interview avait été réalisée par Dominique VERDOIS.

Daniel LAMOUR : 30 ans de concours

Oui, trente ans déjà, un long palmarès et de grands chevaux, pourtant il y a quelques semaines encore, vous n’hésitiez pas à enfiler vos « chaps » pour
essayer un poney. Daniel Lamour, comment cette passion du cheval vous est-
elle venue ?
« J’ai commencé tout en bas de l’échelle ; mon père, acharné de chevaux, était
transporteur hippomobile. Nous avions donc toujours des chevaux chez nous, et toujours au moins 2 chevaux de selle (destinés aux transports rapides.Voyant
mon air intéressé, mon pére m’envoya en apprentissage chez François Bernard,
propriétaire d’une écurie de trotteurs. J’y ai débuté comme palefrenier, puis j’en
vins à l’aider à débourrer ses poulains.
François Bernard avait aussi un étalon de selle avec lequel il me laissait sauter de
temps à autre. Mais au bout de 6 mois de ce régime, ma mère s’inquiétât de ma
maigreur, et je réintégrais mes pénates ...
Je rencontrais alors M. Bourrez, un ancien militaire, homme de cheval bourru et sévère. Grâce à lui, j’ai eu la possibilité de monter quantité de chevaux
de toutes sortes ; les plus difficiles et les meilleurs, je les ai connus chez lui.
J’aimais celà... et lui aussi. Je sortais beaucoup en concours, et j’ai pu avoir
des contacts avec les grands de l’époque, le Colonel Des Roches, Michel Boutté... En 52, au cours de la première finale tournante, je gagnais le championnat de France avec Voulette, une jument très rapide que M. Bourrez avait achetée chez M. Jean Marie Persyn. L’année suivante, je m’installais une petite écurie chez mes parents, et j’étais 2eme du championnat de France, comme d’ailleurs plus tard en 67 avec Orsietain. ».

Au cours de votre carrière, vous avez monté un grand nombre de chevaux,
mais avez-vous eu « LE » cheval ?
« Je n’ai pas eu de meilleur cheval ; j’ai eu la chance de pouvoir monter quelques très bons chevaux, et je pense tout de suite à Charleston que j’avais
débourré moi-même, puis bien sûr à Voulette avec laquelle je gagnais le championnat de France, puis Kelbia, avec lequel Sophie Jonquet fut elle aussi cham-
pionne de France, puis Gai Farceur, Lorrain, Lonzain. Oui, tous ceux-là, c’était de
grands chevaux ... ».
On dit souvent qu’il n’y a pas de bons chevaux en France ... ?
« C’est faux, mais on a beaucoup tardé, et il serait temps de ne pas remettre à
l’élevage ce que l’on n’a pas su vendre ; le progrès ne viendra que pas à pas.
Maintenant on est obligé de sauter de plus en plus « gros » et l’on est toujours
pressé. Le grand mal est que l’on est trop souvent versé sur l’utilisation du cheval
et non pas sur son dressage. ».
• Dans quel type d’épreuves préférez-vous monter ?
• « Vous savez, j’ai goûté un peu à tout. Quand on est jeune, on galope, mais
maintenant, je n’aime plus que les épreuves classiques, les épreuves à bar-
rages. Les puissances ne m’enthousiasment plus car elles détruisent les
chevaux, et puis de plus en plus, j’aime mon confort ; alors l’idéal pour moi, ce
sont les épreuves à barrages, sur un cheval bien mis, bien préparé, et avec
lequel je peux arranger ma petite affaire tranquillement !!l. .. ».

•L’été dernier a eu lieu le championnat d’Europe de poneys au Touquet ;
que pensez-vous de ce nouvel engouement ?
« Eh bien je suis pour, à fond pour.
Regardez en Angleterre... Initier un enfant à l’équitation par le poney, c’est la
meilleure initiative. Le poney donne confiance, et c’est une chose essentielle,
car où il y a confiance, il n’y a plus raideur, ni crispation, tant cérébrale que
musculaire. Mais attention, dès que la taille d’un enfant ne lui permet de trouver
son équilibre sur le poney, c’est à cheval qu’il faut le mettre. J’espère que l’on
observera rapidement en France une progression grâce à cette nouvelle vogue. ».
Vous admirez Piero d’Inzeo, que vous considérez comme un véritable « artiste », un chef d’œuvre de doigté et d’équilibre sur l’obstacle, et également Nelson Pessoa, remarquable de finesse ; les jeunes cavaliers français, comment les
trouvez-vous ?
« Vous savez, je suis un passionné d’enseignement, 3 de mes élèves ont étè champions de France (et je crois y être pour quelque chose !!!) ; j’ai èté 13
ans entraîneur national des juniors et cela me fait plaisir quand je vois une
bonne nouvelle génération de cavaliers : Gilles de Balanda, Jean Marc Nicolas, Hugues et Laurent Persyn, mais ceux-là, leur réputation n’est déjà plus à
faire !!! ».
Il Y a en ce moment une critique dans le concours hippique, une désaffection
du public. Comment l’expliquez-vous ?
« Oui, c’est certain, et je le déplore, mais le publie et même les cavaliers
sont lassés par la longueur des épreuves. Je crois qu’il faudrait plus sérier
les épreuves et comme on ne peut demander ses gains à un homme, il n’y
a qu’en opérant une sélection (gains et âges) au niveau des chevaux que l’on
s’en sortira. Eri outre les organisateurs de concours sont malheureusement te-
nus par des soucis énormes d’argent.
Pour amener le public, il faut un « plateau » de cavaliers et cela se fait par-
fois au détriment des obstacles et souvent des terrains de détente ... ».
Daniel Lamour, si c’était à refaire ?
« Je recommencerais, j’ai eu la chance formidable de pouvoir faire ce que
j’aimais. Le jour où j’aurais peur, j’arrêterai ... ».

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